Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/25

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— Écoutez, je vous juge droite, courageuse, intelligente. Je vous donnerai, en preuve, la grande marque d’estime de me confier à vous.

Elle remercia du geste, comprenant toute la valeur des paroles prononcées.

— Seulement, acheva-t-il, je vous demande une promesse. Mme Patorne ne doit rien savoir. Il ne faut jamais qu’elle connaisse le but ou les causes.

— La croiriez-vous capable de trahir ?

— Les sots ne trahissent pas, mademoiselle. Ils se laissent circonvenir sans en avoir conscience.

Fleuriane parut songer un instant. L’affirmation si nette du détective l’avait tout d’abord interloquée. Probablement reconnut-elle la justesse de la pensée, car elle répondit franchement :

— Je promets.

Alors, le visage de Dick s’éclaira, et reprenant le langage cynégétique auquel il avait emprunté sa dernière phrase, lors de la venue de Ginat, il murmura d’une voix assourdie :

— La bête a passé.

La gracieuse Canadienne frissonna. La bête, c’était l’ennemi inconnu, insaisissable, contre lequel elle était venue demander protection. Dick Fann lui apparaissait doté d’un pouvoir surhumain, car, à peine la requête formulée, il affirmait être sur la piste.

Il lut la pensée de la jeune fille, et, avec simplicité :

— Non, mademoiselle, il n’y a rien de merveilleux là dedans. Voici trois mois que j’attendais la nouvelle que l’on m’apporte ce matin. Une coïncidence vous a fait choisir le même jour pour vous présenter chez moi.

— Vous attendiez depuis trois mois ? murmura-t-elle d’une voix incertaine, touchée de la loyauté de l’explication.

Il inclina la tête.

— Tout vous sera clair. Quand je dressai mon rapport sur l’affaire du radium, j’en autorisai la publication, uniquement parce que je voulais obliger le chef de ce vol mondial à se démasquer lui-même.

— Je ne comprends pas.

— Aussi j’expliquerai, mademoiselle. L’homme, qui avait voulu… truster le radium, avait un but. Lequel ? J’ai supposé une entreprise de bijouterie, transformation de corindons communs en pierres rares ; mais je n’avais point la certitude mathématique.