Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/260

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Fleuriane et sa compagne se sont aussi éveillées. Comme leurs amis, elles voient le redoutable visiteur. Mais déjà, le détective s’est précipité en avant.

Sa main brandit son revolver. À bout portant, il fait feu par deux fois sur la féroce apparition. Un grognement d’agonie répond aux détonations. La tête velue disparaît.

Jean Brot, qui s’est rué vers l’ouverture et regarde au dehors, clame d’une voix triomphante :

— Il a son compte… La tête fracassée… Voilà, gentleman ours, ce que mérite une visite indiscrète.

Mais il s’interrompt brusquement.

Ses traits expriment la stupéfaction, et d’une voix étranglée, il murmure :

— Ah bien ! ah bien ! Alors, c’est l’averse.

— Que veux-tu dire ?

Il hausse les épaules.

— Regardez.

Il y a dans l’accent du gamin, une telle expression d’anxiété que Fleuriane elle-même quitte l’abri de l’automobile, pour se porter vers la brèche, où déjà ses compagnons sont penchés.

Ah ! un coup d’œil suffit à leur faire partager le malaise du jeune garçon.

À quelques pas, l’ours, blessé par Dick, se roule convulsivement sur la neige, qui, autour de lui, se transforme en boue sanglante.

Mais le terrible plantigrade n’est pas seul. Dans la plaine exiguë, encadrée par des falaises de faible hauteur, et dont le rayon visuel peut embrasser les deux tiers, une douzaine d’ours blancs sont éparpillés. À distance, on ne peut raisonnablement espérer tuer ces animaux robustes. La première victoire est due uniquement à ce que l’ennemi se trouvait à longueur de bras du tireur.

Et une conclusion s’impose. Les voyageurs sont bloqués.

Ils ne sauraient se méprendre à la tactique des carnassiers. Ceux-ci, placés entre l’anfractuosité protectrice et la fissure rocheuse, accès du cirque, s’opposent à toute évasion.

Ah ! si l’on pouvait aller quérir du secours  !

Mais, pour ce faire, il serait indispensable de passer sur le corps de ces terribles animaux. Sans être grand clerc, il est permis d’affirmer que le résultat de pareille rencontre ne serait pas à l’avantage de l’homme.

De constater cela, tous sont devenus graves.