Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/271

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bonne chère, les cinq voyageurs furent pris d’une soif ardente.

Firino leur conseilla une limonade de sa composition : infusion de lichen aromatisée de sirop de citron, qui, affirmait-il, rafraîchirait admirablement signori et signore.

Seulement, alors que le liquide annoncé figurait déjà dans les verres, un vacarme soudain éclata dans la rue. Des ouvriers du port se battaient.

Dick et ses amis oublièrent leur soif. Ils se précipitèrent au dehors avec la pensée de séparer les combattants. Seule, Mme  Patorne, plus altérée ou plus indifférente, resta à table et ingurgita coup sur coup deux verres de limonade.

Ayant très soif, elle but goulûment. Ce fut seulement en reposant son gobelet sur la table qu’elle esquissa une grimace.

— Pouah ! grommela-t-elle, c’est sans doute le lichen, mais on dirait que l’on avale des particules de terre.

Et la dispute apaisée, elle conseilla à ses amis de renoncer à la boisson vantée par l’honorable Firino Borini.

Ceux-ci, désireux de ne point blesser leur aimable aubergiste, ne lui soufflèrent mot de la recommandation, mais substituèrent à la limonade des grogs de whisky additionné d’eau fraîche.

On bavarda encore quelque peu, puis chacun s’en fut coucher, non sans avoir répandu dans la rue ce qui restait de limonade au lichen, ou, comme l’appelait plaisamment Mme  Patorne, l’infusion de terre glaise.