Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/377

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oh ! oh ! oh !… On croirait que tu soupçonnes la vérité.

Dick secoua la tête.

— Attends que nous soyons à ton village. J’examinerai le terrain. Jusque-là, je ne veux rien dire.

Une exclamation étonnée ponctua sa phrase.

Ghis, de toute évidence, ne concevait pas que son récit eût pu indiquer une voie quelconque au jeune homme. Mais la réserve mongole cadenassa ses lèvres. Son hôte avait déclaré ne pas consentir à s’expliquer avant l’arrivée au village. Insister eût été manquer aux règles élémentaires de l’hospitalité du steppe. Ici encore, le barbare donnait, sans le savoir, un exemple que l’on serait fondé à offrir à bien des soi-disant civilisés. La discrétion, en effet, est une qualité rare dans les sociétés réputées policées.

Seulement, l’hospitalité n’interdisait pas de hâter l’entrée dans le village. Aussi le vieillard fit-il sentir l’éperon à sa monture, et l’allure de la petite troupe s’accéléra. Vers midi, des formes coniques se découpèrent sur la ligne droite de l’horizon.

— Mes yourtes, prononça Ghis.

Les chevaux, sentant l’étape presque terminée, prirent d’eux-mêmes le galop. Au bout de vingt minutes, les premières demeures mongoles étaient atteintes.

Disséminés au hasard sur la surface de la prairie, quatre ou cinq cents énormes cônes de boue séchée dessinaient le fouillis de leurs formes massives. Des enclos, limités par des cordes tendues, enfermaient les troupeaux, chevaux ou autres, des habitants.

Quant à ces derniers, accourus sur le seuil de l’ouverture étroite servant d’entrée à la maison mongole, ils élevaient les mains en l’air, en faisant entendre un sourd bourdonnement.

Ainsi ils saluaient le chef, revenant parmi eux.

Ghis répondait par des hochements de tête amicaux.

Il souriait aux femmes, aux enfants dépenaillés, dont la saleté semblait indiquer une grève perpétuelle contre les soins de la toilette.

Parfois, il daignait interpeller un homme.

— Heureuse journée, Djazid !

— À toi un ciel bleu, Orosnail !

— Que ta fiancée te sourie, Niamkhan !

Et, chaque fois, il ajoutait pour son compagnon de route :

— Tu vois un guerrier réputé. Il a servi dans les