son nom, viendra à moi, passant auprès de ce jeune homme.
Il désigna Jean Brot, tout fier de son rôle, et se cambrant dans une pose avantageuse.
— Ensuite, sur mon ordre, il se rangera derrière moi.
Tout mouvement d’apparence militaire est compris sans effort par les Mongols, dont les aptitudes guerrières assureront à la Chine de merveilleux combattants, le jour où elle saura utiliser leur valeur.
Les têtes s’inclinèrent. Alors Dick, d’un geste large, recommanda le silence. Ses mains s’étendirent sur le tissu voilant la sonnette, et il prononça un discours en anglais. Sa langue maternelle, ignorée des assistants, devait leur sembler une mélopée fantasmagorique. Au demeurant, le jeune homme répétait simplement ses instructions à son fidèle Jean.
Ce soin pris, il revint à l’usage du russe, que tous les Mongols entendent suffisamment. Et, dans la demi-obscurité régnant en la hutte, ses paroles empruntant à l’emphase du débit une autorité troublante :
— Sous le linge blanc que vous voyez ici, est la sonnette des assemblées, à laquelle, aidé par les Esprits de l’Air, j’ai donné la vertu magique de connaître la vérité.
Un murmure, aussitôt étouffé, montra l’admiration profonde des assistants pour un prodige dont aucun ne songea à douter.
— Or, parmi vous, loyaux fils de la terre mongole, un traître s’est glissé. Celui-là doit être séparé des guerriers sans reproche. La sonnette le désignera. Que chacun à son tour approche, qu’il glisse sa main droite sous le tissu de lin et qu’il saisisse la clochette. Elle restera muette pour les honnêtes gens, mais sonnera au contact de l’infâme. Quel crime a-t-il commis ? Il a aidé des hommes étrangers à voler Selm-Arge, ce cheval créé par les génies et dont la présence assurait la prospérité de votre tribu.
Maintenant, plus aucun bruit. Les hommes se regardaient en dessous d’un air soupçonneux. Il y avait un vent de menace contre l’inconnu ayant contribué à éloigner le cheval auquel était attachée la prospérité de la tribu. Et soudain, sur un signe de Dick Fann. Le vieux chef désignant chaque serviteur par son nom, le défilé commença.
— Idgar ! Rokbâ ! Faouh ! Galtar ! appelait le vieillard.