Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/438

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lemment éclairée, puis, l’ayant reconnue déserte, il la traversa en courant et se plongea dans le sous-bois, faisant face au point dont il était sorti.

Un brusque crochet le ramène vers des clôtures. Il s’arrête devant l’une d’elles. Un portillon à clairevoie, que ferme un simple loquet, s’ouvre devant lui.

Il est à présent dans un jardin.

À droite et à gauche s’étendent des murs sur lesquels des arbres fruitiers étendent leurs branches en espaliers. En face, une maison modeste.

À l’approche du visiteur nocturne, une porte de bois plein, percée au centre de la façade, s’entr’ouvre.

L’homme entre, la porte se referme sans bruit.

À l’intérieur règne une obscurité opaque. Une main a saisi le poignet du nouveau venu et l’entraîne dans l’ombre avec ces mots susurrés :

— Aucun meuble dans le couloir. Pas de crainte de se heurter.

Ainsi, les personnages franchissent une seconde porte.

Ici, bien qu’aucun luminaire ne soit allumé, une vague clarté permet de reconnaître une chambre à coucher simplement meublée.

C’est par la fenêtre, ornée de rideaux de cretonne, que pénètre la lueur. Cette fenêtre donne sur une rue. Ce sont les réverbères qui dissipent les ténèbres.

— Personne ne t’a suivi ? reprend l’homme qui attendait. — Personne. Je puis l’affirmer. Je suis sorti à huit heures. J’ai filé sur Paris. Je me suis rendu à mon hôtel où je me suis transformé, puis j’en suis sorti par une porte de service qui donne dans un passage situé derrière l’immeuble. Une voiture jusqu’à la Nation. Le métro jusqu’à la porte de Vincennes. Le tramway jusqu’à la porte Jaune, puis, la traversée du bois à pied. Personne n’a pu, me suivre.

Et l’homme ricana :

— Trois heures de marche pour traverser la rue, cela n’est pas ordinaire.

Les causeurs se taisent.

Larmette et Muller réfléchissent soucieusement. Car ce sont les deux complices qui se trouvent réunis dans la chambre du rez-de-chaussée, que le premier a louée le matin même, vis-à-vis la demeure où est enfermé le radium.

Ils se sont mis près de la fenêtre, et par les interstices des rideaux, ils plongent des regards avides dans la rue.