Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/95

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arrêter Larmette et Cie, les misérables qui menacent et vous et…

— Ma fille… vous me conseillez donc de l’abandonner ?…

— Tant que les criminels ignoreront votre retraite, elle n’aura rien à craindre. D’ailleurs, je vous le jure, je serai toujours entre le danger et elle.

Il y eut un silence. Brusquement, M. Defrance reprit :

— Monsieur Dick Fann, je consens à ne pas approcher ma Fleuriane, à ne pas la tenir sur mon cœur, mais j’y mets une condition sine qua non.

— Parlez.

— Dans l’inaction, je mourrais d’inquiétude : il faut que j’agisse, et maintenant je ne saurais agir que dans un seul but : la défendre.

— Quoi ! vous voudriez ?…

— Être à la peine avec vous… sous vos ordres… J’obéirai comme un soldat. Et si quelque jour, désespéré, vous veniez me dire : « Tout est perdu !… » ce jour-là, vous me relèveriez de ma promesse d’obéissance, pour que je puisse mourir avec l’enfant qui fut ma joie.

Les traits de Dick reflétaient une émotion intense. Sans une parole, sa main se tendit vers son interlocuteur, qui la saisit dans les siennes.

Durant une minute, ils demeurèrent ainsi.

Le père et le détective venaient de sceller le pacte de dévouement.

Enfin, le jeune homme dompta l’émotion dont toute sa personne frissonnait, et d’une voix mal assurée, il murmura :

— Il est des choses que l’on ne refuse pas à un père. Qu’il soit fait selon votre volonté. Seulement, mon compagnon de… travail ne doit rappeler en rien le trop connu M. Defrance. Voulez-vous me permettre de faire le nécessaire ?

— Faites, répondit simplement le père de Fleuriane.

L’Anglais le fit asseoir et ramassant sa valise qu’il avait posée à terre en entrant, il l’ouvrit et se mit en devoir de métamorphoser son futur compagnon.

Une demi-heure plus tard, Dick quittait l’hôtel en compagnie d’un mulâtre au teint basané, chargé lui-même d’un sac de voyage, mulâtre dans lequel Lar-