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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/152

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rieuse, une sorte de télégraphie sans fil des âmes, par le fait de laquelle on ressent, à distance, le malheur qui nous a frappé dans nos affections ou nos intérêts, en un point éloigné de l’endroit où nous sommes.

C’est là ce qu’éprouvait l’insouciant garçon. Et il se révoltait contre son trouble.

Quel dommage lui pouvait causer une Américaine inconnue, dont il n’avait même pas vu le visage, une étrangère dont il n’aurait pas soupçonné l’existence sans une hallucination d’Albin ?

Ah çà ! il était donc sur le chemin de la folie ?

Une main, se posant sur son bras, l’arracha à ses pénibles réflexions.

Lisbeth était devant lui.

— Vous ?

— Ne m’attendiez-vous pas ?

— Si… Mais je n’étais pas certain d’avoir bien compris vos signes.

— À la bonne heure ! Je me dépêche, car mon père va descendre et je ne veux pas qu’il me surprenne avec vous.

— Pourquoi cela ?

— Il m’a défendu.

Morlaix allait questionner encore ; elle l’interrompit :

— Chut ! laissez-moi vous dire. Mon père et Herr Niclauss attribuent leurs échecs à Sumatra à ce qu’ils sont arrivés aux lieux d’épreuve bien après M. Albin.

— Ah ! vraiment ?

— Aussi, ont-ils résolu cette fois de prendre l’avance. L’épouse de l’oncle François qu’il s’agit, cette fois, de mériter est la belle Darnaïl, bayadère du sultan de Djokjokarta. Demain, au point du jour, nous nous mettrons en route. La voiture est commandée, ainsi que l’interprète. Prenez vos dispositions pour nous dépasser.

Elle promena autour d’elle un regard inquiet.

— Je ne les vois pas encore… Je pourrai peut-être… Monsieur Morlaix, en route, il nous sera presque impossible d’échanger quelques paroles… Après la défense de mon père…