Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/165

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d’une tendresse naissante, Oraï lui dit rudement :

— Tu seras satisfaite de conduire Daalia sur l’autel des sacrifices ?

— Moi ? fit-elle, étonnée.

— Sans doute. Ce jeune homme a maintenant l’esprit en éveil. Il nous sera difficile de prendre des déguisements tels qu’ils le déroutent.

— Tu as raison, prêtre.

— Et si, de nouveau, il reconnaît ta maîtresse, s’il lui parle, s’il l’interroge, es-tu certaine qu’elle aura la force nécessaire pour lui cacher la vérité ?

La vieille frissonna :

— Hélas ! non.

— Qu’elle prononce un mot contre son serment au divin M’Prahu ?…

— C’est la mort, oui, oui, je le sais.

Lugubre, la phrase tomba des lèvres de la nourrice. Elle resta le front courbé vers la terre dans l’attitude du découragement.

Et cependant, de sa fenêtre, Albin contemplait toujours la croisée de la malade, dont le store laissait filtrer un léger faisceau de rayons lumineux.

Il se lamentait tout bas sur son sort, ignorant que son expédition nocturne avait placé la pseudo-Américaine sous le coup d’un danger plus terrible que la fièvre ; celle-ci pardonne souvent, tandis que le kriss recourbé des prêtres de M’Prahu ne pardonne jamais !