Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/174

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Courageusement, elle risqua un œil au dehors.

La chambre ne présentait rien d’alarmant. Grace ronflait toujours, mais aucune silhouette inquiétante ne se montrait dans le champ visuel de la jolie Anglaise.

Alors, elle s’enhardit.

Ses frisons dorés, son front blanc, son nez mutin, émergèrent successivement des profondeurs du lit.

Enfin, elle se trouva assise.

Ah ça ! elle avait eu une hallucination !

Rien, personne.

Et souriante, maintenant, elle murmura avec un petit air crâne :

— C’est cette Mable qui a déconcerté mes nerfs. Certes, une demoiselle de compagnie est nécessaire à une pauvre mignonne chose comme moi, voyageant dans le milieu des périls de terre et de mer, toutefois je n’aurais jamais demandé à être accompagnée par une société aussi musicale. En vérité, ce n’est pas là une demoiselle, mais un véritable orphéon.

— Broum ! Broum ! Kssss ! Kouaaa ! Broum ! continua voluptueusement le nez mélodique de la dormeuse.

— Et elle ne s’arrêtera pas ! reprit Eléna se montant par degrés.

— Broum ! Kss ! Broum !

— Elle a des accents de poulie mal graissée, bien que de graisse elle soit copieusement pourvue !

Cette appréciation sévère de ces charmes ne troubla en rien la demoiselle de compagnie.

— Broum ! Kss ! Koua ! Broum ! fit-elle de plus belle.

La gentille mistress grinça des dents :

— Cela est assommant !

— Broum ! Broum ! répondit le ronflement

— Énervant, insupportable !

— Broum ! Kss ! Broum !

— Assez ! Assez !

Mistress Doodee avait élevé la voix. Un instant, Grace demeura silencieuse ; puis, brusquement, tel le baritement d’un éléphant adulte, son infernal concert reprit :

— Broum ! Kouaaa ! Broum ! Kssss !

C’en était trop.

La colère lui faisant oublier, ses dernières ter-