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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/202

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Aussi le désignant du doigt à la demoiselle de compagnie, elle dit seulement :

— Ramassez et lisez.

— Quoi ? lire la bombe…

— Une simple pierre recouverte d’un papier.

— Ah ! Le soupir de Mable ne signifiait pas tristesse. Il trahissait seulement la peine que la rondelette personne éprouvait à se baisser.

Elle prit le caillou, le dépouilla de son enveloppe, le tendit à mistress Doodee.

Après quoi, défripant le papier, elle murmura :

— Cela est écrit au crayon.

— Crayon ou encre, peu importe, riposta vivement son interlocutrice. Dites quels mots sont tracés.

— Bien volontiers.

Et lentement Mable prononça :

Relais de Pantenang.

« Vous ne me connaissez pas, mademoiselle, ou plutôt, vous m’avez à peine entrevu au débarcadère, à mon arrivée à Sumatra. »

— À Sumatra, interrompit Eléna, non sans surprise. Mais je n’ai jamais mis mon pied dedans cette île.

Grace montra le papier.

— Le crayon a mis cela dessus le papier.

— Ce crayon se trompe, voilà tout… Enfin, continuez, car aussi bien vous n’êtes point dans la posture d’expliquer la chose.

Et Mable poursuivit :

« Cet instant fugitif a suffi pour éveiller en moi un ardent désir de me dévouer à vous. Je vous crois captive. Si je ne me trompe pas, ce soir, vers dix heures, tous les habitants du relais étant endormis, soyez à votre fenêtre, je serai au-dessous.

« Un inconnu prêt à risquer sa vie sur un signe de vous,
« Albin Gravelotte. »