Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/214

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steamers rapides, confortables, parfaitement aménagée.

La buraliste toisa donc Albin.

— Monsieur n’a-t-il pas passé la nuit au relais, demanda-t-elle ?

Bien que surpris de la question, Gravelotte répliqua :

— Si, mais quel rapport ?

— Il était signalé, et le chef de gare m’a chargée de prier Monsieur d’aller lui parler, dès que Monsieur se présenterait ici.

Tout en parlant, elle remettait à son interlocuteur les tickets réclamés, puis avec la plus grande amabilité :

— L’escalier de droite vous conduira au bureau du chef de gare.

Étonnés (on le serait à moins), les deux amis gagnent le quai.

Voici le bureau. Voici le chef de gare lui-même, un homme petit, frétillant, souriant, les cheveux blonds soigneusement lissés, la barbe en éventail, dans laquelle il promène une main chargée de bagues.

Il accueille les jeunes gens par une averse de mots aimables, d’appellations louangeuses, qu’il termine par la question :

— Je suis honoré d’avoir à vous demander vos noms ?

— Albin Gravelotte, répond l’un.

— Morlaix, ajoute l’autre.

Et le petit chef de gare se frotte les mains, se balance sur ses jambes d’un air éminemment satisfait. On croirait qu’il va danser.

Non, ce n’est pas cela.

Il trottine vers un casier, fouille dans l’un des compartiments, en tire deux enveloppes, en parcourt les suscriptions.

— Mein Herr Morlaix.

— Hein, fait le domestique-ami ?

— Remise, hier soir, à votre adresse par une bien jolie personne.

Puis tendant la seconde missive à Albin :

— Albin Gravelotte, esquire.

Remise, ce matin, par une autre bien jolie personne.

Et tandis que les voyageurs déchirent les enve-