Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/249

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— En ce cas, c’est tout à fait bien.

— Mieux encore, appuya Morlaix.

— Vous devenez flatteur.

— Ne nous flattiez-vous pas à l’instant ?

L’hilarité des Allemands redoubla, et chose bizarre, les deux Français firent chorus avec eux.

Fleck reprit le premier un air narquoisement grave :

— Qui croirait à vous voir que vous êtes rivaux ?

— Personne, bégaya Niclauss.

— Et cependant, remarqua Gravelotte, nous sommes adversaires, chacun de nous se promet de vaincre l’autre… Mais la courtoisie préside à notre tournoi, et nous nous réunissons amicalement entre les diverses reprises de la joute.

— Oui, oui, très amicalement !

Les paroles avaient peine à se faire jour entre les lèvres des Germains.

Vraiment, cet Albin, avec sa naïve confiance, sa courtoisie, était trop comique ! Et Niclauss ne résista pas au désir de le bafouer un peu.

— Vous avez fait un bon voyage ?

— Excellent.

— Vous avez constaté que nous vous avions ménagé tous les honneurs, que nous déclinions nous-mêmes.

— Afin de marcher plus vite. Certes, j’ai constaté. Mais en somme, la chose m’a paru de bonne guerre. Je vous en veux d’autant moins que je suis arrivé à temps à Djokjokarta.

— Tout à fait juste.

Une nouvelle crise de fou rire secoua les Allemands. Ah ! oui, Albin était arrivé à temps pour prendre par aux épreuves… Mais Darnaïl maintenant serait toute dévouée aux intérêts de Niclauss ; ne les avait-elle pas mis déjà sur la piste d’un mystère, cette fille de l’oncle François dont l’existence restait ignorée de Gravelotte.

Lisbeth regardait.

Parfois ses yeux bleus se fixaient tristement sur les Français. Elle souffrait véritablement de les voir en butte aux plaisanteries qu’elle pensait être seule à comprendre.

Mais la conversation allait toujours. Toutefois un observateur attentif eût remarqué que la rapidité du