Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/289

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Impression fugitive, impression de rêve, car, à peine les obstacles mobiles qui motivaient ces avertissements sonores avaient-ils le temps de se garer, que déjà l’automobile les croisait, les dépassait, les réduisait à l’état de souvenirs.

Pourtant, le chauffeur daignait ralentir sa marche lorsqu’un village se rencontrait.

Alors, il hélait un indigène qui, docilement, trottait à côté du véhicule et répondait aux questions, toujours les mêmes :

— Avez-vous vu passer une voiture contenant un officier de douanes et deux dames aux voiles bleus ?

— Oui, Saheb.

— Où se trouve le relais ?

— Au bout du village, auprès de la station du télégraphe.

— Merci.

Au relais, on stoppait une minute :

— Vous avez changé les chevaux d’une voiture contenant telles personnes ?

— En effet, Saheb.

— Leur direction est ?…

— Le prochain relais sur la route de Samarang.

— Que les grâces du ciel rose soient pour vous !

Et la course vertigineuse recommençait.

À chaque arrêt, les poursuivants constataient avec joie que la distance qui les séparait des fugitifs décroissait.

Deux heures, une heure et demie, une heure seulement avant eux, la voiture cherchée avait été vue aux relais successifs.

À Bayarana, petite bourgade proche du volcan Mérapi, Oraï et ses compagnes n’avaient plus qu’une demi-heure d’avance.

Personne ne remarqua le sourire railleur dont le palefrenier interrogé ponctua sa réponse.

Une demi-heure ! C’était la joie. On atteindrait Oraï, les Anglaises, entre les deux stations de la poste. Déjà, les Européens réglaient les détails de la scène. On ferait descendre les fuyards de leur carriole, et sur la route déserte, au pied du Mérapi empanaché de fumée, on les obligerait, de gré ou de force, à confesser la vérité.

Au surplus, chez tous, le besoin de savoir le but réel des combinaisons compliquées de l’oncle Fran-