Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/307

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maître de poste qui, du seuil du relais, la regardait s’éloigner.

Le mécanicien n’avait pas fait une promesse vaine.

Après avoir écrasé seulement cinq chiens, six poulets, un âne, et avoir renversé à peine trois voitures, le véhicule stoppa devant la gare de Samarang, au moment précis où l’horloge, s’ouvrant comme un œil énorme au milieu de la façade, sonnait le premier coup de neuf heures.

Albin, bientôt suivi de ses compagnons, bondit dans la salle d’attente. Il arrête au passage un employé.

— Le train en provenance de Madion ?

— Il est signalé monsieur. Avant cinq minutes, il entrera en gare.

Dans cinq minutes Oraï et les Anglaises descendraient du train et trouveraient sur le quai, les attendant, ceux dont ils avaient cru se débarrasser par une éruption de la solfatare.

Dans sa joie triomphante, Gravelotte serra la main du mécanicien.

— Je suis content de vous.

— Monsieur voudra bien l’inscrire sur mon carnet.

— Je l’inscrirai certainement. 

— De suite alors, car je vais retourner sans tarder à Djokjokarta, où M. le Résident peut avoir besoin de mes services.

Sans se faire prier, le jeune Français libella le certificat demandé, y joignit une gratification et laissa le wattman libre de ses actions.

Dix secondes après, il pouvait voir, à travers les portes vitrées de la gare, l’automobile s’éloigner et disparaître dans une rue voisine.

Mais un bourdonnement assourdi parvient aux oreilles des voyageurs. Il s’enfle, communiquant à l’air une sorte de trépidation.

C’est le train de Madion.

On se précipite sur le quai.

Oui. Voici la lourde machine que ses chasse-pierres enveloppent ainsi qu’une jupe rigide ; les pistons ralentissent leur va-et-vient ; les freins serrent avec un long gémissement. Le convoi fait halte.

À toutes les portières subitement ouvertes, se montrent des voyageurs, hommes, femmes, enfants, fonctionnaires ou soldats hollandais, indigènes aux costumes bariolés. Tous ont la hâte de l’arrivée.