Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/33

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— Rien n’est plus aisé, cher monsieur, et vous allez partager mon avis.

– Je ne demande pas mieux, croyez-le bien.

– Rendez-vous au 26.

– À l’instant.

– Vous frappez et ouvrez, en vous excusant de troubler les dîneurs. Cependant, ajoutez-vous, j’ai une excuse, la tradition de la maison.

– La tradition ?… répéta le premier employé en se grattant la tête.

– Oui, la tradition qui veut que vous fassiez une surprise aimable à toute cliente. Sur ce, vous priez Mlle  Lisbeth de vous suivre, afin de choisir sa surprise. Vous l’amenez ici, la faites monter dans le fiacre… et le tour est joué.

Le gérant pressa les mains de l’officier de police. 

Ma foi, c’était vrai. Tout scandale était évité.

Ah ! vraiment, quand la police se mêle d’être adroite et gracieuse, elle ne l’est pas à demi…

– Dans une minute, je ramène la coupable. 

Par ce dernier mot, qui prouvait qu’il ne conservait aucun doute touchant la culpabilité de Mlle  Lisbeth, le commerçant se précipita dans l’escalier accédant aux cabinets particuliers.

Quant aux deux messieurs décorés, ils sortirent à petit bruit et allèrent se poster auprès d’une voiture qui stationnait le long du trottoir.

Il était environ neuf heures et demie.

La foule cosmopolite, qui envahit les boulevards le soir, se coudoyait, en un incessant remous humain. Des camelots circulaient, lançant, d’une voix enrouée, l’annonce de publications diverses :

– Programme complet des courses !

– De quoi rire et s’amuser, quatre numéros pour cinq centimes.

L’un des policiers se rapprocha de l’autre.

– Beaucoup de monde, dit-il.

– Tant mieux, on est moins remarqué, riposta son compagnon.

Et, de nouveau, ils gardèrent le silence, les yeux fixés sur la double porte vitrée du café Richissime.

Soudain, ils eurent un même mouvement.

Un vantail venait de s’ouvrir et, sur le perron, le