Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/351

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— Captive des révoltés, parce que je suis venue à votre rendez-vous.

— À mon… ?

Albin fixa sur la blonde Saxonne un regard stupéfait, si stupéfait qu’elle ne put faire moins que s’en apercevoir.

— Quoi, dit-elle, ce n’est pas vous qui m’avez envoyé, au sortir du Jacinto, une fille, Ambrosella de son nom ?…

— Ce n’est pas moi.

— Mais alors, vous n’avez pas été blessé ?

— Pas du tout.

— Oh ! les détestables ! fit-elle. Leur conduite est tout à fait indigne de gentlemen. Ils ont abusé du secret surpris je ne m’explique pas comment.

— Quel secret ?

— Celui de la grande amitié qui est entre nous.

— La grande amitié ?

La surprise d’Albin croissait à mesure qu’Eléna parlait. La grande amitié ! Où prenait-elle cela ? Leur rapide entrevue au Kraton ne pouvait raisonnablement justifier de semblables paroles.

Et elle, oublieuse de la situation terrible, toute à la joie de retrouver celui qu’elle avait proclamé son quatre centième fiancé, continuait :

— Grande amitié est un mot faible pour dire cette chose, mais la convenabilité de l’expression est une gloire de l’éducation britannique. Cela n’empêche pas mon cœur d’être reconnaissant à celui qui a quitté le Royaume-Uni, qui s’est embarqué comme moi, à Liverpool…

— Cela n’est pas sur le trottoir d’en face, murmura Albin, pour dire quelque chose.

— Oh non ! cela ne serait rien. Ce qui est beau, vraiment beau, et encore très joliment romanesque, c’est d’avoir ainsi gagné l’île de la Martinique.

— Ah ! ah ! vous êtes allée à la Martinique ! répéta le jeune homme qui, à présent, ne comprenait plus du tout ce que racontait la charmante Eléna.

— Oh ! s’exclama-t-elle, si je suis allée, vous demandez ?… Oh ! très drôle… Mable, ma chère, vous ne trouvez pas cela totalement comique ?

— Si, si, soupira la pauvre Grace, cela est absolument.