L’absence de fenêtres, la présence de plusieurs portes closes lui prouvèrent qu’elle était captive dans une antichambre.
Captive ! L’un des personnages qui avaient présidé à son enlèvement se tenait debout en face d’elle, et l’attitude de ce gardien lui eût enlevé ses derniers doutes, si elle en avait encore conservé.
Un revolver à la main, l’homme la salua et le plus tranquillement du monde :
– Ne vous alarmez pas, mademoiselle. Avant deux heures, je pense, il me sera loisible de vous ramener à votre père.
– Mon père me vengera, fit-elle avec colère.
Son geôlier ricana :
– Vous oubliez qu’il complotait un crime.
– Un crime, allons donc.
– C’est ainsi, du moins, que le code désigne l’acte consistant à s’approprier la fortune d’autrui.
La riposte était dure, bien qu’un sourire courût sur les lèvres de l’inconnu.
La jeune fille ne trouva rien à répondre. Aussi utilisa-t-elle la tactique de tous les gens à court de bons arguments.
Incapable de se défendre, elle attaqua.
– Et comment le code qualifierait-il votre conduite, à vous qui vous improvisez les redresseurs de torts plus ou moins avérés.
– Il nous qualifierait de don Quichottes.
– Don Quichotte ne s’en prenait qu’aux moulins à vent, s’écria Lisbeth devenant de plus en plus agressive.
– Et votre père est plus terrible que les moulins, plaisanta son interlocuteur.
– Plus terrible ?
— Sans doute, il n’a pas d’ailes et il vole.
Elle eut un geste furibond, en se sentant ramenée au point de départ. Une fois encore, elle rompit les chiens.
— Et si je refusais de rester votre prisonnière ?
— Si vous refusiez ?
– Oui, gronda-t-elle en avançant d’un pas.
Son gardien ne fit pas un mouvement.