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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/371

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— J’ai entendu, mademoiselle.

— C’est la ruine complète de mon père qu’il exige.

— Je l’ai compris.

— Cela ne changera-t-il pas votre âme ?

Il secoua la tête :

— Si vous-même, si mon oncle n’en éprouvaient point trop de peine, je serais heureux de cette ruine, car elle me permettrait de vous dire à tous deux…

— De nous dire ?…

— Votre richesse m’aurait fait hésiter ; votre pauvreté me rend toute ma confiance.

Acceptez-moi comme gendre, comme époux… ma joie sera de consacrer ma vie au travail opiniâtre pour vous refaire l’aisance. 

Un rayonnement joyeux mit une auréole au front des deux jeunes gens. 

Ils se reconnaissaient de même race.

Ils étaient de ceux qui placent l’affection au-dessus des capitaux, ils se sentaient le cœur noble, enthousiaste, dévoué.

Daalia tendit sa main au Français.

— Ma main est à vous ; mon père ratifiera mon choix.

Et doucement :

— C’est un mariage… de raison, car, vous venez de me le démontrer, nul n’aurait de mon bonheur un souci égal au vôtre. L’or, qui attire les autres, vous éloignait ; la pauvreté, elle, vous attire, et je ressens orgueil et plaisir à être assurée que votre tendresse est à moi, à moi seule.

Puis devenue grave :

— Soyez certain que je suis digne de votre affection. Vous aurez en moi l’épouse dévouée, qui pensera avec vous, n’aura d’autre désir que vous voir heureux, content d’elle.

Avec une adorable ingénuité, elle acheva :

— J’ai été élevée en personne très riche ; mais depuis longtemps déjà, — ne vous étonnez pas, je suis une petite sauvage de Sumatra, — depuis longtemps la fortune m’apparaissait comme un bien fugitif : la seule propriété stable, durable, est l’affection. En vous écoutant, je me suis sentie plus riche que je ne l’avais jamais été.

Et, se tournant vers Moralès.

— Señor, je suis prête à écrire à mon père dans les termes que vous me dicterez. Lui aussi sera sans