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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/39

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— Digne police française… Légers les Français, mais rapides en raison même de leur légèreté ; avec eux les choses ne traînent pas.

– Pardon, monsieur, interrompit le visiteur, il me semble que vous errez.

– Que j’erre ?

– Sans doute, ne me parlez-vous pas de la police ?

– Si.

– Ce n’est pas elle qui m’envoie.

– Et qui donc, alors ?

– Les citoyens respectables qui ont enlevé mademoiselle votre fille.

Fleck demeura bouche bée, médusé par le calme de l’étrange ambassadeur.

Celui-ci, sans se départir de son flegme ironique, prit une chaise qu’on ne lui offrait pas, s’assit, tira un étui à cigares de sa poche, et le présentant tout ouvert à l’Allemand :

– Fumez-vous ? demanda-t-il.

Incapable de prononcer un mot, Fleck refusa du geste.

– Tant pis, tant pis, poursuivit le visiteur en allumant un havane, le cigare aide à la réflexion, il incite à la sagesse. C’est un conseiller aromatique, suivant la belle définition du grand Nicot.

Sa tirade eut au moins ce bon côté de permettre au gros ami de Gavrelotten de reprendre ses esprits.

– Voyons, voyons, balbutia-t-il, j’ai mai compris certainement. Vous ne prétendez pas être envoyé par les bandits ?…

L’inconnu eut un mouvement de superbe dénégation.

– Je ne fraie pas avec des bandits, monsieur…

– À la bonne heure, je me disais aussi.

– Mes commettants sont des hommes honorables. Leurs actions sont guidées par un sentiment élevé des devoirs de la charité.

– La charité, répéta machinalement Fleck.

– Oui, monsieur, la charité, zone bénie où le cœur de l’homme se hausse jusqu’au ciel, où le ciel s’abaisse jusqu’au cœur de l’homme. La charité, douce