— Oui, oui, pauvre femme, c’est vrai.
Napoléon demeura pensif, puis brusquement :
— Et Drouot ?
— M. le général écrit dans le cabinet de Votre Majesté.
— Parfait ? Marchand, mon ami, faites seller deux chevaux, Drouot m’accompagnera seul.
— L’officier de service ?
— Je n’en ai que faire.
— Votre Majesté sait pourtant bien que l’on a résolu de l’assassiner ; que des assassins sont venus de France.
— Bah ! Avec Drouot ! Napoléon et Drouot, trop gros morceau pour un meurtrier vulgaire.
Puis changeant de ton, l’Empereur ajouta :
— Marchand, je vais saluer Madame Mère. Que l’on prévienne Drouot, et que les chevaux attendent à la Porte de Terre.
Le fidèle valet de chambre s’inclina.
Cependant Napoléon quittait le palais et s’acheminait vers le logis qui avait été affecté à Madame Lætitia, sa mère.
Sur son passage, les Elbois qu’il croisait se découvraient respectueusement.
Une fillette d’une quinzaine d’années s’approcha et lui barra le passage en balbutiant :
Lui sourit à ces paroles et doucement :
— Que veux-tu petite ?
— Je voudrais que vous me défendiez de me marier[1].
— Moi, et pourquoi ?
— Parce que l’on veut me faire épouser Bartoleo, le Madraguais, sous le prétexte qu’il possède cent écus.
— Et tu en aimes un autre ?
- ↑ Lettres du capitaine Mallet