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DEUXIÈME PARTIE

d’Elbe à Waterloo


I

Vers l’inconnu


— Vive l’Empereur !

L’acclamation, incessamment répétée, pétille, éclate, sonne dans les rues de Porto-Ferrajo.

Ce sont les soldats qui se rendent au port pour s’embarquer sur les sept navires que la houle balance :

Le brick l’Inconstant ;

La goélette la Caroline ;

La felouque l’Étoile ;

Les avisos la Mouche et l’Abeille.

Plus deux bateaux de commerce aménagés pour la circonstance.

Ce soir, 26 février, l’Empereur, avec sa petite armée de onze cents hommes, quitte l’île d’Elbe pour aller reconquérir le trône de France.

Sur les murailles, dont la mer baigne le pied, sur les terrasses des maisons qui s’étagent au flanc du roc, les habitants regardent silencieux, attristés, sentant bien que la prospérité d’Elbe s’en va avec l’homme de génie, dont la présence un instant a galvanisé la petite principauté.

Tout au haut du rocher, le pavillon elbois flotte sur le palais impérial.

Appuyées à la hampe, on distingue deux silhouettes de femmes, immobiles ainsi que des statues.

Ce sont Madame Mère et la princesse Pauline, montées là, sur la terrasse, pour voir plus longtemps l’escadrille, qui emporte vers l’inconnu le fils, le frère bien-aimé.