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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/127

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décida à s’habiller pour aller aux informations.

Pomponnée, frisée, coquettement attifée, elle quitta enfin sa cabine, suivie de près par sa demoiselle de compagnie.

Le gong résonna aussitôt, et de toutes parts des silhouettes se montrèrent dans le corridor.

Les vaniteux adorent la popularité. Il leur est doux de voir la foule s’ameuter sur leur passage, les gens se mettre aux fenêtres, aux portes. Cette joie de charlatan ne convenait pas à mistress Elena qui, au son du gong, bondit de frayeur et se précipita vers le factionnaire : Le marin la repoussa du geste. On ne parle pas, quand on est de garde.

Et comme elle insistait, il ajouta rudement : 

— Circulez !

L’Anglaise dut obéir, mais avec quelle colère, il est impossible de le décrire. 

— Voilà un homme que l’on mettra aux fers, grondait sa petite voix irritée. Le capitaine ignore ce qui se passe à son bord. Jamais pareils désordres ne seraient tolérés sur un navire anglais.

Grâce la suivait tout essoufflée, répétant en écho :

— Jamais.

Les deux femmes gravirent l’escalier, se trouvèrent sur le pont.

Au bout de trois pas, un rouleau de cordage gisant sur le plancher les obligea à un détour. Un instant, leurs yeux se fixèrent sur l’orée du panneau des cabines, et elles demeurèrent bouche béé.

Quatre hommes en armes surgissaient de l’ouverture, suivant leurs traces, à n’en pouvoir douter.

Du coup, Elena s’avança à leur rencontre :

— Ah çà ! nous sommes gardées à vue !

Aucun ne répliqua.

— Voyons, que faites-vous, ici ?

L’un des matelots murmura :

— Service commandé… Circulez.

Circulez ! C’était trop fort. Prétendait-on enrôler