Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/239

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puis, empoignant le lasso, il se laissa glisser jusqu’au sol.

En courant presque, Jean gagna l’angle de l’osteria, derrière lequel il disparut.

La maison projetait une zone d’ombre. Enveloppé par les ténèbres, il ne craignait plus d’être aperçu.

Il fit halte un instant et chercha à s’orienter. À quelques mètres de lui, des arbres dressaient leurs troncs élancés vers la nue ; c’étaient les premiers de la forêt.

Le machete avait abattu les buissons sous l’abri de leur ramure, et, dans l’obscurité plus grande sous leur dôme verdoyant, on distinguait confusément les lignes d’un carbet (cabane), fait de branches et de terre.

— C’est là, murmura Jean.

Avec précaution, il se dirigea vers l’arbre le plus rapproché, un acajou au feuillage argenté. Puis, s’appuyant au tronc, faisant corps avec lui, il scruta les environs d’un œil attentif. Rien ne bougeait.

— Ils n’ont pas encore terminé leur funèbre besogne ! se dit l’ingénieur.

Et, courbé en deux, avançant lentement sur le sol bossué par les racines, il se rapprocha insensiblement de la cabane.

La porte absente n’arrêtait pas le regard. Jean put examiner l’intérieur.

Des brassées de feuilles, mélangées avec de la paille, formaient deux couchettes reconnaissables dans l’ombre.

Mais étaient-elles occupées ?

Penché en avant, l’oreille tendue, le jeune homme écouta.

Aucun bruit ne parvint jusqu’à lui. Si calme que soit le sommeil, la respiration d’un homme est facilement perçue dans le silence.

Les propriétaires du carbet n’étaient donc pas rentrés.

Fort de sa constatation, Jean fit le tour de la cabane, s’abrita derrière la paroi opposée à la porte et attendit.

Les poètes et, après eux, les guerriers l’ont dit :