Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/391

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— On peut tout vous dire, à vous, signorina. Cé soir, les ampoules bleues parléront.

— Ah !

— Et nous dévons prendré les mésoures outilés, por qué lé froid, il né gêne, ni la démoiselle Stella, ni nous-mêmes.

— Quelles sont ces précautions ?

— Oh ! signorina, simplés comme dé sé moucher.

— Mais encore ?

— Nous allons chez oun marchand dé vêtements d’occasione. Nous prénons des grands manteaux dé lainé, très épais… Vous suivez ?

— Parfaitement.

— La prisonnière en revêt oun, elle caché sa tête sous son capuchon. Nous imitons céla.

— Bon !

— Et si oun ampoule elle éclate, elle gèle tout le monde, mais né nous gèle pas[1].

Et reprenant sa marche :

— Ma zé bavarde… et il mé faut courir chez lé marchand dé costumes qui habite dans notre maison. Si mio Jean mé voyait à cette heuré, cé soir, il mé gronderait.

Et les « pères adoptifs » de l’ingénieur continuèrent leur route, suivie par Ydna.

À ce moment même, Jean, sous la figure d’Alcidus Noguer, disait au gouverneur :

— Ma foi, meinherr, si nous profitions de la permission de meinher Olivio ?

— Quelle permission ?

— Celle de nous installer au jardin.

— Volontiers.

Massiliague se souleva vivement dans son fauteuil, et se frappant le front, ainsi qu’un homme auquel revient un souvenir oublié :

— Allez sans moi, mes bravounettes, j’ai laissé mon carnet chez moi, et puisque le temps, il me manque pas, je vais le chercher.

  1. M. Raoul Pictet a pu soumettre sans inconvénient des personnes, enveloppées de laine, à des températures de 120° au-dessous, de zéro, dans ses « puits de froid ».