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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/415

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Il allait dire « votre frère » ; il s’arrêta, comprenant combien à cette heure la parenté devait sembler lourde au président. Par bonheur, un incident le tira d’embarras.

— Et tenez, voici Candi qui revient.

Sur la place du Municipio, en effet, on apercevait l’Italien accourant à toutes jambes.

Il s’engouffra dans l’hôtel, escalada l’escalier, et, tout essoufflé, fit irruption dons la salle.

— Le signore Olivio, il est en route.

— Tu dis ?… Il est parti ?

— Eh oui. Il est sorti de chez lui, a pris son meilleur cheval, et a quitté la ville par la porte de la Montana.

Pedro échangea un regard avec l’ingénieur, puis d’une voix sourde :

— C’est la route d’Incatl ?

— Oui, señor.

— Alors, vos prédictions se réalisent.

Et avec une tristesse non dissimulée, le gouverneur acheva sa phrase :

— Se réalisent… comme toujours.

Mais cet instant de faiblesse dura peu, Pedro, d’un brusque effort, retrouva toute sa décision.

— À cheval donc ! Vous m’avez dit qu’il importait de le précéder là-bas.

— Sans doute, car s’il réussissait à se faire passer pour le Maître annoncé par la légende, rien au monde ne saurait empêcher les prêtres du soleil de lui obéir.

— En ce cas, nous le dépasserons à tout prix.

Vingt minutes plus tard, sept cavaliers, escortant deux señoras, franchissaient à leur tour la porte de la Montana, et s’éloignaient à toute bride de Sao Domenco. C’étaient Jean, le gobernador, leurs amis, qui s’élançaient à la poursuite de Olivio de Avarca.