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Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/113

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l’avons vu et qui ne devait rejoindre la mission qu’après avoir découvert et exploré le M’Bomou, son affluent la Méré, sept cents kilomètres de voies navigables nouvelles.

Le bief supérieur du M’Bomou était libre d’obstacles.

Mais le renseignement se trouvait incomplet.

Comme on le sait, Baratier n’avait emmené avec lui que des pirogues et embarcations de faible tirant d’eau.

Une reconnaissance complémentaire était nécessaire.

Le capitaine Germain en fut chargé.

Ici, nous nous bornerons à transcrire le journal d’un sous-officier qui l’accompagna.

Rien ne vaut l’éloquence de ces pages écrites par un des acteurs les plus modestes de ce drame épique.

Nous cédons la parole au sergent.

Son journal était destiné à son père, à l’obligeance duquel nous en devons la communication.


Mon cher papa,

Vingt-trois jours de repos à Baguessé, tu ne te figures pas le bien que cela nous a fait.

Depuis deux semaines au moins, pas de fièvre.

Je rengraisse.

Entre nous j’en avais besoin. Je finissais par ressembler à notre ami Martin, le maître d’école que tu appelles toujours « mon vieux squelette ». Mais à présent je suis presque gras.

C’est égal, j’en aurai du plaisir à me retrouver auprès de toi, de tous nos amis, de bavarder le soir, en humant la bonne bière du père Lesterlé.

C’est pas que je m’ennuie, on n’a pas le temps. C’est tout juste si, le soir, avant de s’endormir, on a cinq minutes pour penser à ceux de France, à toi, papa…, et puis à ma petite Louise.

Dis-lui que je l’aime bien. Je lui ramènerai son fiancé au complet. Il sera, il est vrai, un vieil Africain tout tanné, mais le cœur sera frais comme une rose et tout entier à vous deux.

Donc ce matin, le capitaine Germain, de l’artillerie de marine, m’arrêta au moment où je remontais de là rivière.