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Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/128

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L’arbre qu’on a abattu, faut le transformer en pirogue. Et l’on enlève l’écorce, et l’on taille, et l’on creuse. Je viens de travailler deux heures.

Le commandant a eu une crâne idée.

À quelques mètres de la rive se trouvait un creux. Il a creusé lui-même une petite rigole jusqu’à la rivière.

L’eau est arrivée par là, a rempli le trou ; si bien qu’on peut se baigner sans crainte des crocodiles. Je vais piquer ma tête.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Là, ça y est. Je suis retapé. Seulement je tombe de sommeil.

Une petite dose de quinine, un souvenir à toi, à Louise. Mes yeux se ferment malgré moi, ils se troublent.

J’aperçois confusément le commandant au bord de la rivière. Il grelotte la fièvre, mais il reste debout.

Cré matin, il est donc doublé en tôle cet homme-là !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

26 septembre. — La pirogue est à l’eau.

— Embarque.

Nous y sommes tous. Le commandant va mieux ce matin. Il a dû servir à la bilieuse un potage à la quinine sérieux.

Il a l’air content. Tant mieux. Ça fait plaisir à tout le monde. Il est à l’avant du bateau. Avec un plomb, il sonde sans cesse le lit du fleuve.

Il y a assez d’eau, bravo !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

28 septembre. — Trois jours de navigation à cent vingt kilomètres par jour.

On s’est arrêté à Meschara-el-Reck.

En voilà un pays à grenouilles. De l’eau partout avec des îlots en masse, des roseaux comme je n’en ai jamais vus, des bambous qui ont sept, huit, dix mètres de hauteur.

Faut revenir maintenant. Ce sera moins drôle.

Les rivières, c’est comme les montagnes, faudrait, pour bien faire, les prendre toujours du côté de la descente, et nous allons remonter.

Plus moyen d’écrire, on a tout le temps la rame à la main.

Mais je pense à vous toujours. Pauvre petite Louise, si elle