Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/161

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dans l’abondance qui s’attache forcément à une région dépassant en densité de population celle de la France.

« En outre, hippopotames, antilopes de toutes tailles, éléphants, girafes, gibier à plumes, poissons, pullulent.

« Nous avons constamment des milliers de kilos de viande « sur les fumoirs.

« Mangin a réuni à Fort-Desaix quinze tonnes de vivres en quatre jours et un troupeau de bétail de cent têtes.

« Nous pourrions en rassembler vingt fois plus en une semaine, si nous le voulions.

« Mais c’est bien inutile, le pays nous servant de fournisseur journalier.

« Bref, nous sommes « d’attaque », et je pourrais facilement nourrir ici, et jusqu’à Fachoda, deux mille hommes, si je les avais, hélas ! ce qui ne serait pas trop pour résister aux efforts de quarante mille qui s’avancent par les deux extrémités du Nil.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« On ne doute de rien en France, et il faut croire, tout de même, qu’on doit avoir une dose de confiance dans les officiers auxquels on confie une tâche de ce calibre.

« C’est inouï… mais flatteur.

« Il est vrai qu’on m’écrit de Paris que, si j’ai le malheur d’échouer, je serai vilipendé, traîné dans la boue et haché menu comme chair à pâté.

« Avec ça, c’est complet.

« Me voilà bien averti.

« Après cette mission, il ne me restera plus, à mon retour en France, qu’à me confier quatre hommes et un caporal, avec mission de prendre Berlin de vive force, à la baïonnette, sans oublier de reprendre Metz et Strasbourg en passant.

« Il n’y a que chez nous que « l’ordre de faire beaucoup avec rien » peut être donné sans rire.

« Après tout, on peut toujours mourir ; on est presque sûr d’avoir une belle cérémonie à la Madeleine, deux ou trois ans après.

« À toi. »

« Signé : Marchand. »