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Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/182

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— Parce que je me suis caché.

— Pourquoi as-tu cru devoir prendre cette précaution.

— J’ai pensé qu’il valait mieux que l’Européen français n’aperçut pas mon visage.

— Je ne te comprends pas… Dis tout ce qui est en ton esprit.

Le secrétaire baissa la voix.

— Si je me suis trompé, que le cheik me pardonne.

— Tu n’as rien à craindre, interrompit Ra-Moeh avec bienveillance. Ainsi, parle sans réticences.

— J’ai songé, ô mon maître, que le Mahdi serait irrité contre toi, qui as rendu, sans combat, la ville dont tu as le gouvernement.

Le Cheik pâlit légèrement.

— Je ne pouvais pas résister.

— Cela, est évident, reprit Embe, mais le Mahdi sera cependant rempli de colère.

— Était-il en mon pouvoir d’agir autrement ?

— Non, non.

— Alors, que faire ?

Que faire ? Voilà la question que le rusé Égyptien attendait.

Ses yeux brillèrent et, se penchant à l’oreille de Ra-Moeh, il murmura :

— Obliger le Mahdi à rendre hommage à ta fidélité.

— L’obliger… l’obliger… tu ne doutes de rien…

— C’est facile.

— Comment cela ?

— Dépêche-moi vers lui.

— Toi ?

— Oui. Tu me confieras un message, par lequel tu lui manderas que des Européens venus du Sud, ont envahi le pays chillouk.

— Mais si ces Européens apprennent…

— Ils n’apprendront pas. Muni de ta lettre, je pars cette nuit même. Je fais diligence pour rejoindre le Mahdi. Il s’emporte, non contre toi, mais contre les blancs. Il envoie des guerriers nombreux. Les Européens sont anéantis, et toi, sans avoir couru aucun danger, tu passes pour le plus fidèle, le plus zélé des amis.