Aller au contenu

Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Cela, j’en suis certain, mes espions m’ont renseigné à cet égard.

Puis après un instant de réflexion :

— Nous allons remonter le Nil.

— Bien.

Au passage, nous foudroierons la ville avec nos canons, nous la couvrirons d’obus.

— Cela détournera l’attention des blancs et permettra à nos troupes de débarquement de se porter en avant.

— Je l’espère. Les quatre chalands qui restent nous suivront. Les guerriers qu’ils transportent seront mis à terre au sud de la cité.

— Et, pris entre deux feux, nos ennemis seront écrasés. Je leur ai promis la mort en ton nom.

Déjà le marabout allait donner ses ordres.

Le bey l’arrêta.

— Nous allons passer bien près des retranchements des Français !

— Aurais-tu peur ? ricana Alder.

— Peur, je ne connais pas cette chose. Je voulais seulement te dire, noble représentant du Khalife, que les fusils de ces gens portent loin. Vois à quelle distance leurs projectiles atteignent nos guerriers.

— Quelle est ta pensée ?

— Leurs balles ne traverseront-elles pas la coque de nos chalands.

Le marabout éclata de rire.

— Nos chalands sont en fer, les balles rebondiront inoffensives sur cet obstacle.

Élevant ses nains au-dessus de sa tête en forme de coupe, le bey s’inclina profondément, puis il murmura :

— Agissons donc ainsi qu’Allah te l’inspire.

Des signaux furent aussitôt échangés.

Les Quatre chalands, encore garnis de soldats, pris à la remorque par le Sofia et le Tefhrich, s’ébranlèrent lourdement.

Toute la flottille s’avança vers Fachoda.

Les pièces des deux canonnières faisaient rage.

Des obus ronflaient dans l’air, s’abattaient sur les maisons, sur les murailles.

Des éclatements vibraient.