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Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/76

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rares. Allait-on devoir mettre les hommes à la demi-ration.

Inquiets, piroguiers et porteurs parlaient déjà de gagner la rive à la nage et d’abandonner les embarcations.

— Le premier qui bouge, gronda le capitaine en tirant son revolver, je lui fais sauter la cervelle.

La menace rétablit le calme.

Mais la nuit venait, il ne fallait pas songer à chercher la bonne voie avant le lendemain. Baratier prit ses dispositions pour assurer la sécurité du bivouac.

Il fit hisser les pirogues à sec.

Sur le haut de l’îlot de sable on aligna les tentes.

Et de même, que les-jours précédents, on dînait de légumes secs, avec un peu de lard conservé. L’eau potable manquait, situation douloureuse sur un fleuve. L’eau de la rivière, en effet, était tellement chargée de matières organiques que son absorption eût déterminé un véritable empoisonnement.

La situation était critique.

Le front soucieux, Baratier réfléchissait.

Il avait beau chercher. À son esprit ne s’offrait aucun autre moyen que d’abandonner les pirogues et de gagner la rive du fleuve.

Jamais dans sa vie, pourtant mouvementée, il n’avait traversé pareille épreuve.

Avoir parcouru une distance considérable, être presque convaincu d’atteindre le but fixé, et se voir obligé de tout abandonner, de retourner piteusement en arrière au milieu des tribus sauvages et hostiles !

Cependant il ne se laissa pas aller au découragement.

De concert avec le sergent Bernard, il organisa le camp.

Tout au haut du tertre, on dressa sa tente et le bivouac des piroguiers, des porteurs qu’il fallait surveiller, qu’il fallait maintenir à tout prix.

Aux deux extrémités de l’îlot, un petit poste de cinq tirailleurs, chargé de faire bonne garde et de tirer sur quiconque essaierait de fuir.

Baratier s’était assis près de l’un des autres petits postes.

Soudain le factionnaire, arrêté près de Baratier, lui montra la rive de l’îlot.

— Capitaine… les pirogues… il y en a donc quatre ?…

L’officier regarda.