Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/87

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Aux quatre coins du territoire occupé par leurs sujets, ils font battre le tambour.

Des hérauts parcourent les villages, rassemblant la population aux sons mugissants des cornes de buffles.

En quarante-huit heures, la petite armée est équipée, réunie.

Elle part à fond sur les ennemis désignés, qui commencent à peine leurs interminables parlottes.

Ceux-ci sont surpris, écrasés, emmenés en esclavage.

Les hommes sont incorporés dans les troupes du vainqueur.

Les femmes deviennent Les servantes des principaux chefs.

Ces derniers d’ailleurs s’accommodent fort bien de la tyrannie royale, qui leur assure constamment la victoire et augmente sans cesse leur fortune.

Et la domination des monarques s’étend, fait la tache d’huile.

Quoi qu’en pensent certaines personnes, il n’est pas besoin d’une intelligence supérieure pour dominer en Afrique.

Il suffit d’inspirer la terreur.

Behanzin le cruel, Samory l’impitoyable, les marchands d’esclaves du centre ont dès longtemps fourni la preuve de cette affirmation.

Frapper fort et vite, tout le secret est là.

Qu’ils fussent arrêtés par des discussions intestines ou par toute autre cause, les indigènes riverains du M’Bomou avaient laissé à la mission le loisir de se fortifier.

Les dixième et onzième jours se passèrent sans que l’ennemi attendu se montrât.

La plus sévère discipline régnait dans le fortin.

Il était interdit aux hommes de s’éloigner.

Et ils se soumettaient sans murmurer à cette règle inflexible, car ils comprenaient parfaitement que le danger les entourait.

Sans doute l’attente était pénible, agaçante ; mais il ne fallait pas songer à marcher à la rencontre des noirs, à les dérouter par une contre-attaque.

Les explications de l’ivrogne traitant avaient été si embrouillées, que le commandant ne pouvait déterminer l’emplacement du village soulevé contre lui.

La chose n’avait rien d’étonnant, en somme, car les indi-