Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/212

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— D’où vous vient cette assurance ?

— De ceci : Je me demandais tantôt dans quel but cet inconnu avait retardé notre départ.

— En effet.

— Eh bien ! je le connais son but : donner aux Indiens le temps d’arriver.

Le malaise de Gairon allait croissant. Par une fatalité étrange, Cigale, cet enfant de Paris, ignorant des ruses de la prairie, devinait toute l’intrigue ourdie.

Le chasseur avait l’impression cuisante que son interlocuteur lisait dans son esprit, bien qu’il n’en fût rien en réalité. Aussi essaya-t-il de l’égarer :

— Votre raisonnement pêche par un point, fit-il après un silence.

— Vraiment. Je serais curieux d’apprendre…

— Votre curiosité sera satisfaite. Si quelqu’un avait provoqué le mal dont nos animaux ont été atteints, afin de permettre aux bravos de nous joindre, ce quelqu’un nous aurait rendu un service signalé.

— Signalé… Comment cela, je vous prie ?

— Vous allez être de mon avis. Nos chevaux en bon état, nous descendions dans la plaine où nous serions pour nous défendre, en beaucoup moins bonne posture qu’actuellement.

L’argument frappa le Parisien.

— C’est vrai, fit-il d’un ton pensif… — Mais revenant obstinément à son idée : — Alors, pourquoi a-t-on si mal accommodé nos coursiers :

Enchanté de ce premier succès, Gairon s’écria :

— Nous avons accepté légèrement un soupçon, monsieur, voilà tout. Les bêtes vont mieux à présent. Seulement un certain nombre d’entre elles, au lieu de se coucher à l’ombre des rochers, étaient restées au soleil… C’est là, je pense, ce qui les avait incommodées… Avec la fraîcheur du soir, leur mal disparaît.

— Possible, consentit Cigale, encore que son visage n’exprimât pas une conviction bien caractérisée, possible. Toutefois, comme vous le disiez si justement : Au désert, on ne regrette jamais une précaution… Je continuerai à veiller aussi sérieusement que si tous nos compagnons n’étaient pas des gens dévoués.

Sur ce, le jeune homme s’éloigna, suivi par le regard anxieux du chasseur. Gairon se sentait mal à l’aise. Dans les paroles du Parisien, il avait démêlé