Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/42

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— Touchez, je vous dis. À Marseille, nous sommes des foudres de guerre, mais pas de rancune.

Il fredonna :

Allons donc, allons donc,
Déride, déride ;
Allons donc, allons donc,
Déride-toi, mon bon.

Puis sa main se tendit avec une telle cordialité que ni Gairon, ni Pierre ne se sentirent la force de résister. En une étreinte sympathique se nouèrent les doigts des trois hommes si bien faits pour s’entendre.

Mais on arrivait à la gare. L’horloge, dont le cadran dessinait sa circonférence au milieu de la façade, marquait sept heures moins cinq.

— Je prends les billets, s’écria Scipion, réglez les « volantes ».

D’un bond, il fut à bas de la voiture et s’engouffra sous le hall vitré.

Dans son empressement, il faillit renverser un flâneur qui le regarda s’éloigner avec une stupéfaction visible. C’était le señor Bartolomeo Villagran.

— Oh ! oh ! les pressentiments du digne señor Sullivan ne se sont pas réalisés, grommela le sénateur. Le champion se porte à merveille et…

Une légère exclamation coupa sa phrase.

Encadrés par les caballeros qui les avaient escortés, Joë, Francis et Pierre venaient de se montrer.

À la vue de Bartolomeo, les Mexicains éclatèrent en vivats. Pour lui, tout en saluant, il se glissa auprès du Yankee :

— Señor, dit-il, dans la séance de nuit du Sénat, je me suis fait désigner comme compagnon d’honneur de l’illustre Massiliague. J’espérais ne pas partir…

— Il faut que vous partiez au contraire, répliqua vivement Joë… Cet homme est condamné, soyez-en certain… Il est bon que vous soyez auprès de lui pour bénéficier de l’entreprise. Mais silence… nous causerons plus tard…

Et changeant de ton :

— Quelle est la première gare où stationnera le convoi ?

— À Aguascalientes (Sources chaudes) ; trois heures d’arrêt.