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III

L’HACIENDA DE SAN VICENTE


— Oui, señorita. L’hacienda (ferme, gentilhommière campagnarde) est presque tout entière situés dans le Presidio (district, chef-lieu de district) de San Vicente, en bordure de la rive droite du rio Grande del Norte, qui nous sépare du Texas aujourd’hui rattaché aux États-Unis. Mes terres occupent une superficie de quatre mille kilomètres carrés…

— Quatre cent mille hectares, señor.

— Exactement. J’emploie cinq mille peones (ouvriers agricoles), environ trois cents vaqueros (vachers) ou caballineros (gardiens des chevaux en liberté), deux cents pulqueros (peones chargés de la récolte du pulque). Tous ces hommes, ma famille, ma fortune appartiennent, comme moi-même, à l’œuvre dont vous êtes la sainte inspiratrice.

La Mestiza tendit la main à son interlocuteur, qui la porta dévotement à ses lèvres.

C’était en effet la jeune fille qui conversait avec Fabian Rosales, hacendado (propriétaire d’une hacienda) de San Vicente et l’un des plus riches gentilshommes fermiers du Mexique.

Vingt années plus tôt, cet homme était arrivé dans le pays, sombre, triste. On avait appris qu’il venait de France, ayant éprouvé une grande douleur sur laquelle personne n’avait pu le décider à s’expliquer,