Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/61

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dait les qualités de force, d’adresse, de volonté, de dévouement nécessaires à l’accomplissement de la tâche ardue qu’il avait assumée.

Aussi lorsque l’on quitta la table, Fabian se rapprocha sans affectation de Dolorès Pacheco.

— Señorita Mestiza, dit-il, vous avez confiance en ce personnage ?

— Toute confiance, señor. Aussi brave, aussi loyal, qu’ardent à la plaisanterie.

— Vous en êtes certaine ?

— Oui.

L’hacendado secoua la tête :

— Me permettez-vous cependant de tenter une épreuve ?

Elle sourit doucement :

— Vous qui êtes prêt à vous sacrifier à notre cause, señor, vous avez le droit d’éprouver ceux qui la servent.

— Je vous remercie de ces bonnes paroles, señorita.

Sur ce, Fabian appela du geste un serviteur :

— Prends ma carabine à bison. Une cartouche à balle à l’intérieur, et tu viendras la déposer auprès de moi.

— Bien, señor.

Un instant après, le serviteur reparaissait portant l’arme.

Alors l’hacendado toucha le bras de Massiliague.

— Señor, dit-il, pour nager comme vous nous l’avez affirmé le faire, il vous a fallu un long entraînement.

— Peuh ! fit Scipion, cela m’est venu naturellement… en regardant voguer les tartanes !…

— Cependant vous avez dû négliger les autres sports.

— Les autres ?… Quels autres ?

— Le tir, par exemple.

— Le tir… allons donc… à cent mètres… je — le Marseillais hésita une seconde cherchant sa comparaison, puis triomphalement — je couperais une fourmi en deux parties égales.

L’incorrigible galéjadou se donnait carrière une fois de plus.

Cigale, le jeune voyageur parisien arrivé dans la journée, ne quittait plus Scipion. Le Parisien s’amusait de la verve intarissable du Marseillais.

— Une fourmi, en deux, répéta-t-il.