Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/77

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Tous se penchèrent, comprenant que le Mayo avait découvert une trace ; mais ils eurent beau écarquiller les yeux, ils ne distinguèrent rien.

— L’Oiseau babilleur a passé par là, reprit le Puma désignant une touffe de gazon.

— L’Oiseau babilleur. ?… C’est ainsi que tu nommes le señor Massiliague ?

— Oui, doña. Près de lui était un blanc robuste, de taille moyenne.

— C’est vrai, appuya Vera, c’est vrai. Comment voyez-vous cela ?

— La terre révèle tout à ses enfants rouges, répliqua le chef avec l’emphase de ses congénères. Elle me dit que l’homme est du Nord. Son empreinte est plus longue que celle des blancs du Sud.

Se relevant, l’Indien se prit à suivre une ligne invisible pour ceux qui l’entouraient :

— Ils se promenaient en causant, poursuivit le Mayo… les hommes au visage pâle ne peuvent marcher sans que leur langue soit agitée.

— Ah ! chef ! interrompit l’hacendado, je serais curieux de savoir comment vous reconnaissez les traces d’une conversation ?

— L’Indien est muet. Son pied se pose toujours de même.

« Les faces pâles parlent : ils se tournent vers celui auquel ils s’adressent, et leur trace trahit ce mouvement.

La Mestiza approuva de la tête. Elle, qui, riche, adulée, avait courageusement revendiqué son origine indienne, se donnant elle-même le titre de « Métisse », était heureuse de voir l’indigène fournir une preuve de la merveilleuse perspicacité des chercheurs de traces.

Mais les neuf Mayos placés sous les ordres du Puma accouraient en armes, tenant leurs chevaux par la bride. L’un d’eux avait également en main la monture du chef.

Sans un mot, celui-ci montra le sol.

Les Mayos se penchèrent une seconde, puis tous firent entendre leur guttural :

— Ohao !

En même temps que le Puma, tous se trouvèrent en selle.

— Suivons-les, s’écria le Parisien Cigale, très intéressé par l’aventure. Je croyais que les sauvages