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L’HÉRITAGE DE LA « FRANÇAISE ».

Et il se plongea dans la lecture des « quotidiens ».

— Ah ! fit-il tout à coup… Voici une chose intéressante.

Il parcourut du regard l’entrefilet suivant :

« Son Excellence Ti-Hao-Tien, ministre plénipotentiaire de Chine, donnera à l’hôtel de l’Ambassade une grande soirée, parée, masquée et travestie, dans le courant de la semaine prochaine. On dit que la fête est préparée en l’honneur du ministre des États-Unis. Elle promet donc d’être particulièrement brillante. Tout le monde comprendra l’importance diplomatique de cette consécration officielle des bonnes relations du Grand Empire Jaune avec la vaillante République américaine. »

De nouveau, le sourire ironique, qui errait parfois sur les lèvres de Dodekhan, les crispa à ce moment.

D’une voix sourde, il murmura :

— Il a obéi… enfin… Pourquoi se démasquer avant l’heure ?

Mais il se tut brusquement.

Le microphone lui apportait des voix, et sur le miroir téléphotique des silhouettes s’agitaient.

Il y courut.

Le téléphote lui montra la chambre de Topee.

Assis sur son séant, dans son lit, le milliardaire américain, vêtu d’une chemise de soie jaune, sur laquelle couraient en farandole des diablotins noirs, la face large et colorée, auréolée de cheveux roux, discutait avec sa fille Laura.

Celle-ci se tenait à son chevet, ses cheveux blonds s’ébattant en mèches folles autour de son front, de ses oreilles, de sa nuque. Une robe de chambre de mousseline jetée négligemment sur elle, ses pieds nus dans ses mignonnes babouches claires, elle était charmante, mutine, espiègle.

Pour l’instant elle paraissait très préoccupée.

— Oui, père, disait-elle, je suis dans un état de fureur tout à fait extraordinaire.

Ce à quoi le roi du cuivre répondit :

— Il ne le faut pas ; c’est le calme seulement qui donne la victoire.

— Le calme, vous en parlez à votre aise.

— Je fais plus, je pratique.

— Vous pouvez, père, mais moi je ne puis ainsi.

— Tant pis, Laura, car je ne saurais vous contraindre au calme.

Dodekhan ne perdait pas un mot de ces répliques, dont le sens lui échappait.

— Enfin, reprit Topee d’un ton quelque peu nerveux, j’ai pris tous les