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MILLIONNAIRE MALGRÉ LUI.

« Trois pick-pockets se sont mêlés aux salutistes. Au premier arrêt, on les happera. Prière employés du train surveiller la contre-voie afin d’éviter toute évasion ».

Dire l’émotion des jeunes gens est impossible.

Ils étaient signalés. Lors de l’arrêt du train, des policemen envahiraient les wagons ; on les prendrait. Ils n’avaient point de tickets ; il ne leur servirait donc de rien de se défaire de leur déguisement, car on les empêcherait de sortir de la gare.

Miss Turncrof repliait sa dépêche :

— Ou c’est une erreur, ou c’est une plaisanterie de mauvais goût… Je l’ai dit et je le puis affirmer. Seulement, à l’arrêt, faites garder vos places et rejoignez vos compagnes, afin qu’en présence des policiers, je puisse procéder à l’appel et à la reconnaissance de mes chères brebis.

Elle se retira sur ces mots.

Et les boys Batby, très émoustillés par ces aventures toutes nouvelles dans leur courte carrière d’oursons apprivoisés, suivirent la maigre dame jusqu’à la limite du wagon, puis revinrent auprès de leurs chers parents, en chantant à tue-tête :

— Il y a des pick-pockets dans le train ! Il y a des pick-pockets dans le train ! Gentlemen and ladies, beware to the pick-pockets ! (Messieurs, mesdames, prenez garde aux pick-pockets !)

Ces mots, clamés, hurlés, rugis, amenèrent un désordre indescriptible.

— Taisez-vous, petits malheureux, glapit Maggie.

— Qu’est-ce qu’ils disent ? firent vingt voix inquiètes.

On se levait ; on se rassemblait dans le couloir.

Bell, séparé de ses frères, fut interrogé.

Un peu effrayé d’être le point de mire de tant de regards, il geignit :

— Il y a des pick-pockets dans le train ! C’est la dame de l’Armée du Salut qui l’a dit.

Et comme on le pressait de questions, il se mit à pleurer dans le ton d’un veau que l’on égorge.

Du coup, Jonathan et Maggie se précipitèrent dans le couloir.

— Qu’est-ce que l’on fait à notre cher Bell ?

— On l’interroge.

— Personne n’a le droit d’interroger Bell, sauf les magistrats de l’Union.

— Il parle de pick-pockets.

— Il a raison.

— Il prétend qu’il s’en trouve dans le train.