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LE PRINCE VIRGULE.

Les mansardes, les balcons, les toits, les cheminées même après les placards, cuisines et caves, ont été minutieusement inspectés.

Rien ! personne !

Et Manny qui s’informe, qui se mêle au brouhaha, piaffe de colère en constatant l’impuissance de la police.

— Combien étaient-ils ? clame-t-il.

— Trois, père Manny, répond un groom, deux gentlemen et une lady.

— Ah ! trois.

Et se tournant vers ses recrues :

— Vieux garçons, je vous demande votre pardon pour une pensée folle qui m’était venue.

— Quelle pensée ?

— Je me suis demandé si ceux que l’on cherche n’avaient pas cherché refuge dans mon magasin.

— Dans votre… ?

Prince, Dodekhan frissonnent. Mais le policeman les rassure aussitôt.

— Oui, vous comprenez… des recrues… pour rire… Mais ils étaient trois, dont une lady. Or, je puis jurer que je n’ai pas vu de lady… donc ma supposition était stupide… et insultante pour de braves vieux garçons comme vous.

— Parbleu ! font-ils en riant.

Et Manny rit, tandis que les policiers qui ont envahi l’hôtel s’éloignent dépités ; qu’Orsato les suit en ébranlant l’atmosphère de véritables rugissements, et que le personnel, grossi d’une partie des clients, forme sur le trottoir un groupe compact où l’on commente bruyamment l’incident.

Mais Dodekhan a fait un signe à Albert.

Derrière de hauts casiers, il vient d’apercevoir Laura, transmuée en un adorable et coquet petit policeman.

Il serait temps de quitter le magasin.

Le plancher y brûle les pieds.

La pensée qu’a exprimée tout à l’heure Manny montre que les fugitifs sont à la merci de la moindre chose.

Il faut partir ; mais pour cela il faut éloigner Manny.

Et, insinuant, Dodekhan-Flèche de Fer murmure :

— Il fait soif !

Le vieux guerrier lui lance un regard attendri :

— Tu l’as dit, recrue, il fait grandement soif. Le mois d’octobre est certainement le plus altérant des mois.