Page:Ivoi - Millionnaire malgré lui.djvu/365

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— Vous savez que je ne puis rien vous refuser, ma chère femme.

— Venez vous assurer que vos apparitions ne sont pas à la salle de police.

— Inutile.

— Si, je vous en prie. Vous avez eu une hallucination, je tiens, pour notre bonheur, que jamais un nuage ne s’élève chez nous de ce fait, et pour cela, que votre raison soit si bien convaincue, qu’il ne reste aucun interstice par lequel se puisse glisser le doute le plus mince.

Sur les rangs tous les visages avaient revêtu un masque hébété.

Les policemen se demandaient si la lieutenante n’avait pas perdu la raison.

Comment, elle arrivait à persuader au lieutenant qu’il n’y avait pas de prisonniers, et à présent, elle allait les lui montrer.

Car, par l’Orteil de Satan, ils étaient bien et dûment enfermés dans la cellule n° 3.

Mais les événements se précipitaient.

— Puisque c’est pour votre bonheur, Arabella, consentit galamment Josué, allons visiter les salles de police. Hoffstall, prenez les clefs et venez ouvrir.

— Vous voulez que j’ouvre ? fit le sergent consultant mistress Soda du regard.

— Certainement, affirma celle-ci. Il n’y a personne, nous le savons… il n’y aura donc pas de surprise.

— Mais, mille éperons ! gronda l’officier… Qu’est-ce que vous avez donc, ce matin, Hoffstall, vous avez l’air gâteux ?

— C’est une maladie qui est dans l’air, mon lieutenant.

Il s’engouffrait dans le poste, décrochait les clefs, tout en monologuant :

— Il trouve que j’ai l’air gâteux… Qu’est-ce que je dirais de son air, moi… Comment tout cela va-t-il finir ?

— Hoffstall, appela Josué du dehors.

— Voilà, voilà, lieutenant.

Et se précipitant :

— Au diable !… S’il se fâche en voyant les prisonniers, je mets tout sur le dos du diable qui a visité hier Montagnes-Neigeuses-Hôtel.

À un soldat du second rang, il souffla cet avis :

— Avertis tes camarades… il va y avoir un coup de torchon. Dites tous comme moi. C’est la faute au diable qui est venu à l’hôtel d’en face. Puis, bravement, il se mit en marche le long du mur de briques de la salle de police, suivi de près par Josué et son épouse réconciliés, bras dessus, bras dessous, lesquels entraînaient dans leurs traces tout le poste curieux, railleur et, au fond, plutôt inquiet.