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Page:Ivoi - Miss Mousqueterr.djvu/101

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— Oui, n’est-ce pas ? Du sentiment le plus doux faire un appel à la lâcheté. Transformer la tendresse en marchepied du crime, je crois aussi que c’est la plus odieuse action qui se puisse commettre.

— Vous avez raison.

— Mais vous n’avez que faire de mes impressions. Le duc et la duchesse, comme je vous l’affirmais, ne démêlèrent l’intrigue que plus tard. Pour le moment, ils crurent tout simplement à un acte de brigandage, et en bonnes gens qu’ils étaient, ils voulurent avertir celui que l’on menaçait.

— Très bien.

— Ils s’en allèrent donc, avec leur canot, reprirent terre un kilomètre plus bas, et se couchant au bord de la route que devait suivre M. Dodekhan, ils attendirent afin de lui parler au passage.

— Et il prit justement un autre chemin, s’écria Max.

La surveillante secoua la tête :

— Non, non, Monsieur. Il arriva bien à la nuit, à l’heure indiquée par les criminels. La duchesse et le duc coururent à lui, mais au moment où ils commençaient à lui expliquer pourquoi, eux inconnus, se trouvaient sur son chemin, pfuitt ! Un sifflement dans l’air, une chose souple et pesante tombe sur le groupe, renverse les trois personnages sans connaissance. Log et San avaient, éventé la manœuvre du gentil ménage parisien, et venaient de jeter, sur lui et sur Dodekhan, un filet-épervier enduit de chloroforme.

Le romancier eut une exclamation :

— Prodigieux ! le filet ! le chloroforme !

— Naturellement, reprit Mme Marroy, ils s’endormirent tous. Quand ils revinrent à eux, ils étaient prisonniers sur le navire de Log. Bientôt, Mlle Mona y fut aussi, et alors commença une existence de tortures, Dodekhan refusant de dévoiler les secrets de l’association géante créée par son père, non par ambition, mais par bonté. Son ascendant avait, forgé une arme redoutable, seulement comme un appui à la persuasion, le jeune homme ne voulait pas, qu’aux mains de Log et de San, ce devint un engin de destruction, d’extermination. Pendant des mois, cette lutte inégale dura ; entraînant tous les personnages en Asie, au Chan-Toung allemand, dans l’Indochine française, au cœur de l’Inde anglaise… Fuites, ruses, poursuites se succédèrent, empêchant toujours le cruel géant Log de mettre à exécution son projet de torturer Mona.

— Pauvre enfant, prononça le romancier d’un ton attristé, comment sa raison pouvait-elle résister ?