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MISS MOUSQUETERR.
C’est la douleur et la misère !

Tout est sombre et tout est alarmes
......Et larmes ;
Et tout finit en odieux
......Adieux,
Parents-chéris, devenus vieux…
......Adieux ;
L’amour, dont on vante les charmes,

......Des larmes !


Et Sir John, lassé de la solitude de sa chambre, étant venu rejoindre le groupe, ne put se tenir de s’écrier :

— Par les cornes de Belphegor, cette jeune lady ferait pleurer le sable du désert lui-même !

À ce moment, un garçon sollicita la permission de faire entrer monsieur le Consul d’Angleterre.

Derrière lui apparut le fonctionnaire, lequel s’excusa de forcer ainsi la chambre d’une malade, mais déclara y être presque obligé par le souci de parler à tous les voyageurs réunis.

Si importun que put paraître le consul, il fallait, lui faire bon visage. N’était-ce point du même coup manifester une gratitude aux révolutionnaires, dont le concours intéressé, il est vrai, mais efficace, avait évité aux fugitifs de retomber aux mains des soldats russes. Sara désigna, donc un siège, et le gentleman s’étant installé, commença ainsi :

— Je viens surtout faire appel au patriotisme de miss Violet Mousqueterr.

— À mon patriotisme, répéta la blessée tandis que ses amis échangeaient des regards surpris.

— Oui, vous avez entendu tantôt M. Varloff.

— Le président du Comité.

— Révolutionnaire d’Odessa, lui-même, oui. C’est un personnage auquel il importe de ne pas déplaire.

— Nous n’avons aucune intention semblable.

— Oh ! vous, je le pense bien. Mais moi, en égard à ma fonction, je devrais lui obéir en lui désobéissant.

— C’est, une charade que vous nous proposez là.

— Je vais vous en donner le mot ; car aussi bien, j’ai besoin de votre appui pour sortir de l’impasse où il m’a enfermé.

Le consul prit un temps, puis la voix abaissée, une inquiétude répandue sur sa physionomie :