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MISS MOUSQUETERR.

tour de lui. Il lui fallut un prodigieux effort de volonté pour reprendre :

— Mais les antiseptiques ?

— J’ai fait le pansement nécessaire. Je le renouvellerai dans la journée contrairement à l’usage courant, seulement…

— Seulement ?

— Seulement, un rafraîchissement de l’atmosphère me donnerait une confiance plus grande que tous les dérivés du phénol, du sublimé ou des aldéhydes formiques.

Sur ce, le docteur, très ennuyé de ne pouvoir honnêtement consoler le désespoir qu’il voyait palpiter devant lui, s’était éloigné.

Et Max éperdu, avait pleuré comme un enfant, en redisant à la duchesse de la Roche-Sonnaille le terrible arrêt du médecin.

Un peu plus même, dans son désarroi moral, il eût éclaté en reproches contre la pauvre Mona, qui, selon sa coutume, suivait tous les mouvements de Sara et assistait impassible, incompréhensive, absente, à leur douloureux entretien.

Il était remonté sur le pont. Le capitaine l’avait obligé à se blottir dans un coin d’ombre, la station au soleil pouvant, entraîner la mort.

Mais Max était resté immobile, absorbé, à l’endroit où il avait été placé. Il ne parut pas au déjeuner.

Sa pensée, son âme vagabondaient bien loin, se perdant en espoirs impossibles, irréalisables : le nuage jeté comme un écran devant le soleil ; la pluie diluvienne versant sa fraîcheur.

Des nuages, de la pluie ; chimères sur la mer Rouge ! Est-ce que le ciel n’y est pas implacablement bleu ! Est-ce que le soleil n’y brille pas impitoyable !

Soudain, il tressaillit. Une voix avait murmuré près de lui :

— Monsieur Max, voulez-vous venir dans la cabine de miss Violet…

Mme de la Roche-Sonnaille se tenait devant lui. Il lui sembla que le visage de la duchesse était plus grave qu’à l’ordinaire. Une pensée déchirante lui traversa l’esprit.

Violet l’appelait à son chevet. Elle allait mourir. La sinistre prophétie du médecin du bord se réalisait.

Et affolé, ne percevant pas les paroles que Sara continuait à lui adresser, il bondit sur le pont, heurtant les matelots, les passagers anéantis par la chaleur, et courut vers la cabine de la blessée.

À la porte, il s’arrêta une minute.

Ses jambes flageolaient sous lui ; il étouffait. Et puis, dans un mouvement