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MISS MOUSQUETERR.

Seule, elle eût préféré la mort à l’union abhorée.

Mais causer la perte de ces jeunes femmes qu’elle avait appris à connaître et à aimer, sacrifier ce brave romancier, ce Français chevaleresque et souriant, qui s’était élancé dans la voie du dévouement, sans effort, sans paraître même avoir conscience de la grandeur de son acte. Oh ! cela ne pouvait pas être, ne serait pas. Plutôt subir ce mariage odieux.

Mais elle n’oublierait pas. Du fond de l’ennui où la plongeait son énorme fortune, Max l’avait tirée. Il lui avait révélé la vie. Est-ce qu’elle pourrait jamais effacer cela de sa mémoire.

Triste sort que le sien. Échapper à l’ennui pour tomber dans la douleur !

— Eh bien ? chère Violet, susurra John avec une amabilité plus cruelle qu’une injure.

Elle balbutia d’une voix blanche, douloureuse, déchirante :

— Je fais le serment que vous souhaitez.

— De m’épouser aussitôt notre retour en Angleterre.

— Oui.

All right ! Je suis le plus heureux des hommes.

Elle le toisa, et le regard dur, une haine s’allumant en ses yeux :

— J’ai fait le serment. Mais vous êtes un lâche !

Sans laisser au gros Anglais, interloqué par l’insulte dont elle le souffletait, le loisir de répondre, elle appuya, sur le bouton de la sonnerie.

Presque aussitôt, l’Hindou au frontal orné des cinq rubis symboliques parut. Elle lui tendit la lettre et le chèque préparés naguère. Et quand il fut sorti, elle fondit en larmes.

La multimillionnaire pleurait sur la cruelle expérience qu’elle acquérait. L’or impuissant à assurer le bonheur !