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Page:Ivoi - Miss Mousqueterr.djvu/276

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LES ASSOIFFÉS DE LUMIÈRE.

ses amis n’eussent jamais soupçonnée sans l’aventure présente. L’empressement des chefs de l’Asiatic-Bank permit à Max de s’en rendre compte.

Ces messieurs déclarèrent que le lendemain, à partir de dix heures du matin, les fonds seraient à la disposition du mandataire de la jeune fille. Ils vantèrent incidemment une occasion qui se présentait, un yacht de mer, vapeur de huit cents tonneaux, excellent marcheur, dont un rajah de leurs amis souhaitait se, défaire.

La « petite commission » assurément promise leur donnait probablement une éloquence convaincante, car Max les pria de tenir le yacht sous pression le lendemain. On le pourrait essayer, s’il se comportait bien, on ferait un voyage de quelque durée, donc ses soutes devraient être garnies de charbon.

Ils répondirent que le petit navire se trouvait précisément dans ces conditions. Bref, le délégué de miss Mousqueterr se retira, respectueusement escorté jusqu’à la porte extérieure de la banque par MM. les Directeurs, et suivi par les yeux des employés, stupéfaits de semblable honneur accordé à un étranger par les « patrons ».

La première partie du programme avait été exécutée sans encombre.

En flâneur, à travers les rues que la chaleur du milieu du jour rendait désertes, le romancier reprit le chemin de Trefald’s Cottage. Il longeait les murs, se maintenant dans la zone d’ombre bleutée qu’ils projetaient. Le soleil, en effet, à ce moment de sa course, pique comme une bête méchante, et terrasse le blanc assez imprudent pour braver ses flèches de feu.

Max ressentait cette lassitude physique et morale qui pleut sur la cité en sieste. Avec cela une température d’étuve. Comme les humains, les brises semblaient s’être endormies. Somnolent, alourdi, il parvint cependant à Trefald’s Cottage. La duchesse de la Roche-Sonnaille l’attendait.

— Vous semblez fatigué, dit-elle. Je vous ai bien observé, hier ; à petite vitesse, je crois que je pourrai conduire. Asseyez-vous et dormez un peu à l’abri du dais de toile. Quant à vos opérations de banque, vous me les raconterez en détail à votre réveil.

— Aucune difficulté.

— Cela suffit. Veuillez monter en voiture.

Le jeune homme ne résista pas. Un besoin impérieux de repos, d’oubli de vivre le paralysait. Il s’installa commodément, et ses yeux se fermèrent. Sara, elle, prit place à la direction.

— Comme cela, murmura-t-elle tout bas, les bandits auront encore moins de soupçons. C’est moi qui conduis.