Page:Ivoi - Miss Mousqueterr.djvu/405

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
384
MISS MOUSQUETERR.

Masques Jaunes. Puis, l’arrivée à Calcutta, la découverte du palais où naguère elles avaient vécu prisonnières.

Là, la joie surhumaine. L’écran du téléphote apportant la preuve que ceux dont les jeunes femmes cherchaient la sépulture, vivaient.

Enfin, l’ensemble de faits qui les avaient amenées dans cet horrible dédale montagneux, la trahison de leurs guides, l’entrée en scène de la panthère, l’arrivée au poste B, l’évasion.

Labianov, Aberleen écoutaient. Ils ne songeaient point à interrompre la narratrice.

Bien que fort instruits l’un et l’autre, ils étaient des hommes de cette petite Europe, où l’on se préoccupe de controverses étriquées, où l’on ignore les gigantesques courants d’opinion qui agitent les autres parties du monde terrestre.

Et la révélation de ces choses les plongeaient dans une stupeur profonde.

Ils avaient le sentiment d’être emportés dans les circonvolutions d’un rêve géant. Leur raison européenne se refusait à croire.

Ils voulaient que tout cela fût un conte, et ils ne pouvaient échapper à la vérité émanant des personnages, qui avaient été ballottés par les formidables remous causés par la confédération des Sociétés secrètes Asiates.

Mona s’était tue.

— Eh bien ? firent les officiers comme malgré eux.

Elle parut s’évader avec peine d’une préoccupation absorbante, et d’un ton hésitant :

— À cette heure, j’ai peur, fit-elle.

— Peur ? redirent-ils.

— Oh ! peur que vous vous refusiez à obéir.

Les généraux eurent un haut-le-corps.

— Obéir ?

— Oui, au Drapeau Bleu de bonté, de droiture.

Ils allaient protester. Eux, se soumettre à cet emblème qu’ils devaient combattre. Ils n’en eurent pas le temps. Mona avait joint les mains.

— Père, père, croyez-moi. Il faut obéir. Vous entendez. Il le faut. Sans cela vos soldats, vous, moi, nous périrons.

Puis, se calmant par un brusque effort, que trahit la contraction de son visage, la jeune fille reprit lentement :

— San, cet esprit de haine, au nom duquel sir John Lobster vous parlait, San veut que vous portiez votre camp à deux jours de marche vers l’Est. Comme appât, il annonce la présence d’une armée chinoise. Il n’en existe