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Page:Ivoi - Miss Mousqueterr.djvu/410

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UN ENFER SCIENTIFIQUE.

— Deux questions, deux réponses, répliqua le parleur. La première ; San souhaite vous amener au lieu dit le Val des Gilds, par la raison toute simple que le sous-sol est parsemé de mines dont l’explosion peut être déterminée à distance.

— Quoi, dans ces régions ?

— Désertes d’apparence seulement, jeta l’organe de Dodekhan, ne l’oubliez pas. Des centaines d’yeux sont ouverts sur votre campement. Des centaines d’oreilles sont attentives aux rumeurs qui s’en échappent : En cet instant, sir John Lobster, chassé par vous, a été recueilli par une des patrouilles de San ; on le dirige rapidement vers l’endroit où le traître San attend le résultat de ses manœuvres perfides.

— Comment savez-vous cela ? s’écria l’officier comme malgré lui.

— Je le vois, riposta son invisible interlocuteur. Mais je reprends. San va apprendre que vous avez gardé en otages ceux que sir John se figure toujours être ses serviteurs ; il sera bien étonné quand on lui annoncera que lesdits serviteurs ont été retrouvés étroitement garrottés dans les anfractuosités, où ceux qui sont auprès de vous les ont surpris, réduits à l’impuissance, afin de se substituer à eux et d’arriver près de vous.

Aberleen et son collègue tournèrent vers les fugitifs un regard interrogateur. Il leur fut répondu par un signe affirmatif.

Ce petit incident pesa plus que tout le reste sur la conviction des officiers. Ainsi l’homme, dont la voix leur parvenait, avait la possibilité scientifique d’assister de loin à ce qui se passait dans le camp, aux alentours, à des lieues de là.

Les immenses avantages de son alliance se précisèrent dans leur esprit, et la voix de Labianov marqua une nuance respectueuse quand il reprit :

— San va donc supposer ?

— Que ses prisonniers ont atteint votre quartier-général au lieu et place de ses bandits. Il constatera que, bien loin de lever le camp, vous prenez vos dispositions pour séjourner ici.

— Je n’ai pas dit cela.

— Vous le direz, général. Je lis sur votre visage loyal. Vous avez confiance en moi.

Comme pour s’excuser, le Russe se tourna vers son collègue, mais Lord Aberleen s’empressa de murmurer :

— Cela me paraît très explicable ; moi également, je me sens venir en confiance vis-à-vis de ce gentleman.

Mais le parleur reprit :