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MISS MOUSQUETERR.

Et avec une nuance d’agacement :

— Qu’est-ce que cet individu cherchait ici ?

Le jeune homme n’a pas le temps de répondre à sa propre question. Sa lampe lui est brusquement enlevée. Elle s’éteint. Dans l’obscurité devenue opaque, des mains nombreuses le saisissent. Il essaie de résister. En vain. La disproportion des forces est trop grande. Il se sent tiré, poussé, entraîné. Il a conscience que ses agresseurs l’adossent à l’un des piliers de fonte. Avec une dextérité de professionnels ils l’enveloppent d’un réseau compliqué de cordes.

— Que me voulez-vous ?

Sa voix est assurée ; Max Soleil n’est point de ces personnes nerveuses que le moindre imprévu affole. Son esprit logique lui a fourni une explication de l’aventure.

Il se trouve dans une maison inhabitée… Rien à voler en pareil lieu… Ce ne sont donc pas des cambrioleurs qui l’entourent… Alors qui donc ? Eh parbleu, des vagabonds, des pauvres diables sans asile, que sa présence inopportune a fait trembler pour le refuge dont ils usent peut-être depuis longtemps. Et, comme on ne lui répond pas :

— Qui êtes-vous ? Si vous croyez que j’appartiens à la police, vous vous trompez.

Même silence. Pourtant des êtres sont là ! Des bruissements d’étoffe, des glissements de pas le démontrent.

— Enfin… vous m’avez garrotté, pourquoi ?

Cette fois, une voix, évidemment déguisée, se fait entendre.

— Pour vous donner un avertissement.

— Un avertissement ?… Lequel ?

— Admettez-vous que vous êtes absolument à notre discrétion ?

— Cela ne fait pas l’ombre d’un doute.

— Bon ! Il nous plairait de vous supprimer que rien ne nous serait plus facile.

Et Max courbant la tête sous l’argument jeté par cette bouche invisible dans l’obscurité, la voix insista :

— Est-ce vrai ?

— Eh parbleu, oui, c’est vrai. Il est bien inutile de me le faire déclarer.

Une légère pause suivit, puis l’organe résonna de nouveau :

— En vous épargnant, nous nous montrons cléments…

— Cléments, sapristi !…